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et ont fini par la négliger. « Dont vous avez déjà reçu la connaissance par la parole véritable de l’Évangile ». Il rend ici témoignage à la vérité évangélique et il a raison ; car l’Évangile, c’est la vérité pure. – « De l’Évangile ». Il ne dit pas : « De la prédication », mais il appelle l’Évangile en témoignage, leur rappelant sans cesse les bienfaits de Dieu ; il a commencé par leur donner des éloges ; puis il leur remet les bienfaits de Dieu en mémoire.

« Qui subsiste chez vous comme dans le monde entier (6) » : ce sont encore là des paroles flatteuses. « Qui subsiste » est une expression métaphorique. L’Évangile n’est point parvenu jusqu’à eux pour disparaître ; l’Évangile demeure et subsiste parmi eux. Puis, comme rien n’est plus capable d’affermir la croyance que d’avoir beaucoup de gens qui la partagent, il ajoute : « Comme dans le monde entier ». L’Évangile est partout, dit-il, partout il domine et règne. « Dans le monde entier il fructifie et croît, ainsi qu’il a fait parmi vous ». Il fructifie par ses œuvres ; il croît par les prosélytes qu’il fait, par les profondes raisons qu’il jette de tous côtés. Car les plantes aussi deviennent touffues, quand elles deviennent robustes. « Ainsi qu’il a fait parmi vous ». Il s’empare d’abord par la louange de l’âme de ses auditeurs, pour qu’ils ne s’éloignent de lui qu’à regret. « Du jour où vous avez entendu ». Ce qu’il y a d’admirable, c’est la rapidité avec laquelle vous êtes arrivés à la lumière, avec laquelle vous avez cru, avec laquelle vous avez porté des fruits. « Du jour où vous avez connu et entendu la grâce de Dieu, selon la vérité ». Ce n’est point par des discours, par des effets illusoires, c’est par des actes que vous l’avez connu. Voilà ce que signifie le mot : « L’Évangile fructifie ». Vous avez accueilli les signes et les miracles, et vous avez connu la grâce de Dieu. Puisqu’il vous a montré tout d’abord sa puissance, comment feriez-vous pour ne pas croire en lui ? « Comme vous en avez été instruit par notre très cher Epaphras, notre compagnon dans le service de Dieu (7) ». Il est vraisemblable que cet Epaphras avait prêché à Colosses : vous avez appris de lui l’Évangile, dit saint Paul. Puis, pour montrer que c’est là un maître digne de foi, l’apôtre dit : « Qui est un fidèle ministre de Jésus-Christ, pour le bien de vos âmes ».

« Et de qui nous avons appris aussi votre charité toute spirituelle (8) ». Ne doutez pas, dit-il, des biens à venir. Vous voyez que le monde change de face. Qu’est-il besoin de vous dire ce qui se passe chez les nations étrangères ? Sans parler de ces événements, ce qui se passe chez vous est bien digne de foi. « Vous avez connu », dit-il, « la grâce de Dieu par la vérité », c’est-à-dire, par les faits. Il y a donc deux motifs bien propres à raffermir votre espérance des biens à venir : c’est la croyance universelle, c’est votre propre croyance, et les faits sont d’accord avec les paroles d’Epaphras. « Qui est un fidèle » ministre, dit-il, c’est-à-dire, un ministre véridique. « Qui est un fidèle maître, pour le bien de vos âmes », c’est-à-dire, qui est venu à nous et « de qui nous avons appris votre charité toute spirituelle pour nous ». S’il est le ministre du Christ, pourquoi dites-vous que vous êtes amenés et gagnés à Dieu par le ministère des anges ? – « De qui nous avons appris aussi votre charité toute spirituelle pour nous ». Voilà une admirable charité, une charité ferme et stable. Les autres espèces de charité n’en ont que le nom. Il y en a quelques-unes de ce genre. Mais ce n’est pas là de l’amitié. Aussi un semblable attachement est-il loin d’être indissoluble.

3. Qu’ils sont nombreux les liens qui peuvent former l’amitié ! Les liaisons honteuses, nous les passerons sous silence ; car on ne peut pas nier que de semblables liaisons ne soient blâmables. Mais parlons, si vous voulez, de ces liaisons toutes naturelles qui s’offrent dans la vie. En voici quelques-unes : vous avez rendu service à un homme ; cet autre était lié avec votre famille. Cet autre s’est assis à la même table que vous ; c’est votre compagnon de voyage ; c’est votre voisin. Cet autre exerce la même profession que vous : encore cette amitié-là n’est-elle pas bien sincère, puisqu’elle contient un germe de rivalité jalouse. Quant à l’attachement qu’engendre la nature, c’est celui du père pour le fils, du fils pour le père, du frère pour le frère, de l’aïeul pour son petit-fils, de la mère pour ses enfants, de l’épouse pour son mari, si vous voulez. Tous ces genres d’attachement qui dérivent du mariage nous entourent en cette vie terrestre. Ils semblent plus forts que les premiers. Je dis : « Ils semblent », parce qu’ils sont quelquefois moins forts. Que de fois n’a-t-on pas vu des amis plus étroitement et plus