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CHRONIQUE

pas épouser la sœur de Philippe, qu’il était tenu par serment de prendre en mariage, et il différa son passage jusqu’au mois d’août. Le roi de France s’étant donc embarqué, se rendit en droit chemin à Acre, fut reçu comme un ange sauveur, avec honneur et joie, par ceux qui étaient depuis long-temps occupés au siège de cette ville. Richard, roi d’Angleterre, quittant la Sicile après le roi de France, avec ses vaisseaux et ses galères, vint à Chypre. Ayant trouvé cette île gouvernée par un faux empereur, il le prit, et s’étant ainsi emparé de Chypre, il y mit une garnison de ses gens. Cependant Philippe, roi de France, attendait pour assiéger Acre le roi d’Angleterre car ils étaient convenus de ne combattre qu’ensemble. Dès que Richard fut venu, on s’efforça d’abord de combler les fossés ; mais comme le roi d’Angleterre différait souvent d’avis avec le roi de France, et, à ce qu’on disait, n’allait pas franchement à pousser les attaques, le roi de France fit assaillir vigoureusement la ville par ses gens au moyen d’un grand nombre de pierriers, qui, ne cessant pas de lancer des pierres nuit et jour, rompirent une partie des murs, et ébranlèrent la tour, qui était d’une solidité extraordinaire, mais que les pionniers minaient en dessous. Alors les ennemis, vigoureusement poussés, ne voyant aucune possibilité pour eux de résister au roi de France, demandèrent une entrevue, et rendirent bientôt avec la ville, eux et leurs biens. Acre fut donc reçue par les nôtres, le 13 de juillet, après un siège d’environ deux ans. Les Turcs qui furent trouvés dans la ville n’ayant pu observer les conventions faites avec le roi de France, les uns se rachetèrent, les autres furent enchaînés