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DE GUILLAUME DE NANGIS

bats. Etant ainsi demeurée pendant long-temps au siège, un grand nombre moururent du mal de dysenterie devant et derrière eux ils étaient menacés de l’attaque des ennemis. Le temps fut si mauvais, et il y eut de telles inondations de pluie, que l’excessive humidité corrompait les vivres. C’est pourquoi nous devons admirer et vénérer à jamais le courage d’un homme que tant de maux ne purent abattre, et qui demeura inébranlable. A ce siège mourut Sibylle, reine de Jérusalem, avec quatre fils, ses seuls enfans, qu’elle avait eus du roi Gui son mari. Par sa mort, le roi Gui perdit ses droits au trône, qui revint à Isabelle, sœur de la reine, femme de Honfroi de Toron, mais qui avait été séparée de lui, parce qu’il l’avait épousée avant l’âge nubile et contre sa volonté, et s’était mariée au marquis Conrad, qui de cette manière obtint le gouvernement du royaume de Jérusalem.

Guillaume, roi de Sicile, mourut, et beaucoup perdirent à cette mort. Comme il n’avait pas d’héritier, Henri, fils de Frédéric, empereur des Romains, s’annonçait pour son successeur, par convention, par promesse et par droit de parenté, parce qu’il avait pris en mariage la sœur du roi Guillaume. Mais les grands de Sicile, ayant tenu conseil, nommèrent roi, à la place de Guillaume, l’illustre Tancrède ; ce qui donna occasion à de grands troubles le désordre fut dans les provinces, et la Pouille et la Campanie furent les principaux théâtres de la guerre. La reine Isabelle, femme de Philippe, roi de France, mourut et fut enterrée à Paris dans la grande église de Sainte- Marie.