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CHRONIQUE

pris, vint à sa rencontre, et le força de fuir jusqu’à un château appelé Trou, d’où il le chassa honteusement, et soumit sur son passage le Vermandois. Enfin, l’hiver étant arrivé, on conclut une trêve, et de part et d’autre on se reposa des fatigues de la guerre. Les Templiers, les Hospitaliers, et un grand nombre de vaillans hommes, se mirent en mer pour aller secourir les opprimés de la Terre-Sainte. Guillaume, roi de Sicile, faisait tenir le chemin de la mer libre et à l’abri des pirates par le commandant de sa flotte, et aidait très-généreusement les Chrétiens d’outre-mer, tant du secours de ses vaisseaux que par une grande abondance de choses de toutes sortes.

Il y eut une sécheresse extraordinaire, au point que, dans beaucoup d’endroits, les fleuves, les sources et les puits furent taris, et la France souffrit beaucoup de désastres par les incendies car les villes de Tours, de Chartres, de Beauvais, d’Autun et de Troyes, le château de Provins et un grand nombre d’autres villes, furent misérablement brûlés. Saladin fit réparer et munir de fortifications les villes et châteaux qu’il avait enlevés aux Chrétiens. Il assiégea de nouveau la ville de Tyr par mer et par terre, et, essayant tous les moyens, il présenta captif aux yeux du Marquis son père, qu’il avait pris au combat de Tibériade, dans la confiance que, pressé des sentimens de l’affection filiale, il lui rendrait la ville en échange. Tantôt il offrait de le rendre, tantôt il menaçait de le faire périr, et essayait différens moyens ; mais en tout ses espérances furent trompées, car le Marquis, ne sachant pas fléchir, se moqua de son offre, méprisa ses menaces et toutes les fois que pour exciter sa com-