Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée
55
DE GUILLAUME DE NANGIS

ravageant la terre de France, en emportaient du butin, emmenaient avec eux, dans l’état le plus misérable, les hommes qu’ils avaient pris, couchaient, ô crime ! avec les femmes des prisonniers et à la vue de ceux-ci et, ce qui est pire, incendiaient les églises consacrées à Dieu, emmenaient captifs avec eux les prêtres et les religieux, et, durant qu’ils les tourmentaient se moquaient d’eux, en les appelant chanteurs, et leur disant avec insulte Chantez pour nous, chanteurs, chantez, et aussitôt ils leur donnaient des soufflets ou les frappaient avec de grosses verges. Quelques-uns, ainsi flagellés, rendirent leur sainte ame au Seigneur ; d’autres, donnant de l’argent pour leur rançon, s’en retournèrent chez eux à demi morts par l’efFet d’une longue captivité. Ces mêmes Cotereaux aussi, on ne le saurait dire qu’avec des soupirs et des gémissemens, par un acte encore plus détestable, en dépouillant les églises, retirèrent le corps du Seigneur des vases d’or ou d’argent où il était conservé pour le besoin des malades, et le jetant ignominieusement à terre le foulèrent aux pieds. Leurs concubines faisaient des coiffures avec les nappes de la communion, emportaient sans respect les calices et les brisaient à coups de pierres. Dans le même temps, un grand nombre d’hérétiques furent brûlés en Flandre par Guillaume, archevêque de Rheims, légat du Siège apostolique, et par Philippe, comte de Flandre. Ils prétendaient que toutes les choses impérissables avaient été créées de Dieu, mais que le corps de l’homme, et tout ce qui est périssable, avait été créé par Lucifer. Ils rejetaient le baptême des petits enfans et le sacrement de l’eucharistie, et disaient que les prêtres célé-