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DE GUILLAUME DE NANGIS

l’Église de Rome. Philippe, comte de Flandre, duc de Bourgogne, Guillaume, archevêque de Rheims, le comte de Blois et le comte de Sancerre, conspirèrent ensemble contre le roi de France Philippe, et troublèrent toute la France. Le roi, se voyant abandonné de la plus grande partie des siens, appela les Brabançons à son secours, et ravagea avec eux la terre du comte Étienne.


[1182]

Frédéric, empereur des Romains, voulant porter secours aux ennemis de Philippe, roi de France, leva une armée par tout son empire ; mais le roi d’Angleterre Henri avec ses fils ayant porté secours au roi et interposé sa médiation, la paix fut rétablie entre le roi et lesdits barons. A Constantinople, Andronic, né de la race impériale, s’étant emparé par force de l’empire, sous prétexte de la tutelle du jeune Manuel 7 empereur, persuada aux Grecs qu’ils seraient exterminés par les Latins et les Francs s’ils ne les chassaient de la Grèce. Car l’empereur Manuel, père de celui-ci, tant qu’il avait vécu, avait affectionné les Latins et les Francs, au point de les employer seuls dans ses expéditions, et de les revêtir des premiers honneurs du palais. Il avait pris en mariage une Française, dont il avait eu un fils, qu’il maria à une Française, à la fille de feu Louis, roi des Français. C’est pourquoi les Grecs irrités se jetèrent sur les Latins et les Francs, et, autant qu’ils en trouvèrent, ils les tuèrent, ou les chassèrent de la ville. Andronic s’étant ainsi emparé du palais, les portiques furent incendiés, et le feu consuma d’innombrables richesses et beaucoup d’édifices. Dans ce temps floris-


7. Le nom du pupille d’ Andronic n’était point Manuel mais Alexis.