Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
CHRONIQUE

été dit à Sens par Pierre Abailard « C’est de toi maintenant qu’il s’agit, car le feu est à la maison voisine. » Enfin, comme déjà le scandale des fidèles augmentait à ce sujet, et que les murmures croissaient, Gilbert fut appelé en jugement, et sommé de remettre le livre dans lequel il avait vomi des blasphèmes graves, il est vrai, mais couverts sous certains mots. Saint Bernard, découvrant d’abord par de subtiles interrogations tout ce que Gilbert s’efforçait de cacher sous des paroles équivoques, le réfuta pendant deux jours que dura la discussion, tant par ses propres argumens que par les témoignages des saints. Considérant que quelques-uns des juges, bien qu’ils condamnassent ses doctrines blasphématoires, répugnaient cependant à ce qu’il lui fût fait personnellement aucun mal, Bernard s’enflamma de zèle, et provoqua une assemblée particulière de l’Église française. Enfin, dans une assemblée commune des pères de dix provinces, les uns évêques, et un grand nombre abbés, ils opposèrent à de nouveaux dogmes un symbole nouveau, composé par l’homme de Dieu, et au bas duquel étaient signés les noms de chacun, afin de manifester à leurs confrères leur zèle, soit louable, soit blâmable. Enfin, cette erreur fut condamnée par le jugement apostolique et l’autorité de toute l’Église. L ’évêque Gilbert, interrogé s’il consentait à cette condamnation, y consentit, et rétracta publiquement ce qu’il avait écrit et soutenu auparavant. Il obtint ainsi l’indice de ses juges et surtout parce que dès le commencement il était convenu d’entrer dans cette discussion, à condition