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CHRONIQUE

droit canon et le droit civil étaient de cet avis ; ils disaient qu’Isabelle, reine d’Angleterre, fille de Philippe le Bel, et sœur de feu Charles, était repoussée du trône et du gouvernement du royaume, non parce qu’elle n’était pas par sa naissance la plus proche parente du feu roi, mais à cause de son sexe. Dès qu’on pouvait représenter quelqu’un qui était le plus proche parent par sa naissance, et apte par son sexe à régner, c’est-à-dire mâle, c’était à lui que revenaient la couronne et le gouvernement. D’un autre côté, ceux du royaume de France, ne pouvant souffrir volontiers d’être soumis à la souveraineté des Anglais, disaient que si ledit fils d’Isabelle avait quelques droits au trône, il ne pouvait les tenir naturellement que de sa mère ; or la mère n’ayant aucun droit, il s’ensuivait que le fils n’en devait pas avoir.

Cet avis ayant été accueilli et approuvé par les barons comme le meilleur, le gouvernement du royaume fut remis à Philippe, comte de Valois, qui fut appelé régent du royaume. Alors il reçut les hommages du royaume de France, mais non ceux du royaume de Navarre, parce que Philippe, comte d’Evreux, prétendait avoir des droits sur ce royaume, au titre de sa femme, fille de Louis, fils aîné de Philippe le Bel, à laquelle il appartenait, au titre de sa mère. Mais au contraire la reine Jeanne de Bourgogne, veuve de Philippe le Long, soutenait que les droits sur ce royaume appartenaient à sa fille, femme du duc de Bourgogne, au titre de son père, qui était mort possesseur et investi des droits dudit royaume et de ses appartenances. De même aussi, et au même titre, la reine Jeanne d’Evreux, veuve du roi Charles, disait