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CHRONIQUE

pour le garder, s’enfuirent secrètement vers une plaine très-éloignée de la ville, et mandèrent au comte d’Eu et à ceux qui étaient dans la ville pour le parti du roi de France, qu’ils les attendaient dans ce lieu un certain jour qu’ils fixèrent pour combattre en bataille rangée. Ledit comte accepta volontiers le défi et, à la tête des siens et des hommes de la ville en état de porter les armes, il se rendit aussi vite qu’il put au lieu qu’ils lui avaient désigné. Les Gascons et les Anglais le voyant ainsi éloigné delà ville, prirent un autre chemin secret, et entrèrent dans la ville qu’ils brûlèrent entièrement avec ses églises. C’est pourquoi le comte d’Eu et le seigneur Robert Bertrand, maréchal de France, se voyant ainsi joués, poursuivirent les ennemis jusque dans la Gascogne, où ils soumirent à la domination du roi de France beaucoup de terres et de villes, et contraignirent tellement à fuir lesdits Gascons et Anglais, qu’ils n’osèrent plus désormais reparaître dans leur propre pays. Cette même année, la reine de France,enceinte fut conduite à Neufchâtel, près d’Orléans, parce qu’on espérait, comme l’avaient prédit quelques sorciers et sorcières, qu’en cet endroit plutôt qu’ailleurs, elle accoucherait d’un enfant mâle mais Dieu voulant manifester leurs mensonges, en ordonna autrement, car la reine mit au monde une fille ; peu de temps après mourut son autre fille, l’aînée.

Environ vers le même temps, le comte de Flandre, retenu pendant quelque temps en prison à Bruges par les habitans de cette ville, fut mis en liberté, après avoir cependant prêté serment d’observer fidèlement et inviolablement leurs libertés et coutu-