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DE GUILLAUME DE NANGIS

le seigneur pape fut très-considérable ; car on exigea des uns la dîme, des autres la moitié, et de quelques-uns tout ce qu’ils purent avoir, en sorte que le pape recueillit de chacun de ceux qui possédaient des bénéfices ecclésiastiques par l’autorité apostolique, le revenu d’un an du bénéfice, ce qui était inoui jusqu’alors dans le royaume de France. C’est pourquoi on a sujet de craindre qu’à l’avenir il ne soit porté un grand préjudice à l’Église gallicane désolée, puisqu’il n’est personne qui s’oppose à sa spoliation.

La même année, quelques bâtards de nobles hommes de Gascogne attaquèrent les armes à la main et en grand appareil de guerre, les terres et, les villes du roi de France. Le roi envoya contre eux son parent le seigneur Alphonse d’Espagne, naguère chanoine et archidiacre de Paris, et depuis fait chevalier ; mais quoiqu’il eût dépensé au roi beaucoup d’argent dans la poursuite de cette affaire, il n’eut que peu ou point de succès ; et attaqué de la fièvre quarte, dont il mourut peu de temps après, il’ s’en retourna en France sans avoir acquis de gloire ni mis à fin son entreprise. Lesdits bâtards de Gascogne s’avancèrent avec quelques Anglais, jusqu’à Saintes dans le Poitou. La ville de Saintes était au roi de France mais elle était dominée par un très-fort château appartenant au roi d’Angleterre. Lesdits bâtards de Gascogne s’y retranchèrent et se défendirent vigoureusement contre la ville et le comte d’Eu, envoyé en cet endroit par le roi de France avec beaucoup d’autres nobles. Enfin pourtant les Gascons et, les Anglais, après avoir soutenu dans ce château un grand nombre d’assauts, y laissant quelques troupes