Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée
384
CHRONIQUE

pencher le cœur dudit Louis à la miséricorde envers ledit Frédéric duc d’Autriche, auparavant son ennemi, qu’il lui pardonna toutes ses offenses, le délivra de la prison où il était enchaîné, ainsi que plusieurs nobles retenus prisonniers avec lui, et le renvoya libre chez lui, et cela sans y être déterminé par aucune prière ou rançon ; cependant auparavant ils firent serment sur le corps du Christ, partagèrent une hostie en deux parties, communièrent à la même messe, et jurèrent de se tenir fidélité à l’avenir, ce que fit le duc d’Autriche. Ainsi libre, il s’en retourna chez lui avec les siens.

Vers le même temps vinrent, au nom de Berith, de l’université de Paris, vers Louis, duc de Bavière, qui prenait publiquement le nom de roi des Romains, deux fils de diable, à savoir maître Jean de Gondouin, Français de nation, et maître Marsil de Padoue, Italien de nation. Comme ils avaient été assez fameux à Paris dans la science, quelques gens de la maison du duc qui les avaient connus à Paris les ayant vus et reconnus, ils furent admis non seulement à la cour du duc, mais bientôt dans sa faveur. Un jour ledit duc leur adressa, dit-on, cette question : « Pour Dieu, qui vous a engagés à quitter une terre de paix et de gloire pour un pays en guerre, rempli de tribulations et de, calamités ? » Ils répondirent : « L’erreur que nous voyons dans l’Église de Dieu nous a fait exiler, et ne pouvant en bonne conscience la supporter davantage nous nous réfugions vers vous, à qui appartient, avec le droit de l’Empire, l’obligation de corri ger les erreurs, et de rétablir ce qui est mal dans