Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée
359
DE GUILLAUME DE NANGIS

à la multitude, et se rendirent enfin aux ennemis. Ce qu’ayant appris, le roi se sauva à grand’peine avec un petit nombre de gens ; la reine se réfugia dans un très-fort château adjacent à la mer, et situé sur une roche, et par où les Flamands passent en allant chez les Ecossais. La reine craignant qu’en restant plus long-temps dans le château, elle n’y fût assiégée par les Ecossais, secourus peut-être même par les Flamands, aima mieux s’exposer aux périls de la mer qu’au danger de tomber entre les mains de ses ennemis ; c’est pourquoi s’embarquant avec sa suite, elle souffrit de très-graves et insupportables maux, qui firent périr une de ses servantes et enfanter une autre avant le temps. Cependant, aidée de Dieu, après beaucoup de tourmens, elle arriva en Angleterre. Le roi d’Angleterre ayant fait dresser de tous côtés des embûches à André de Carlisle, s’en empara, et le condamna à un terrible supplice. D’abord il fut traîné à la queue de deux chevaux, après quoi, n’étant pas encore mort, il fut éventré ; ses entrailles furent brûlées devant les yeux du roi et par son ordre ; ensuite on lui trancha la tête, et on pendit le tronc par les épaules, puis son corps fut coupé en quatre morceaux, dont chacun fut envoyé dans une ville, afin qu’un si horrible supplice fût désormais un exemple pour les autres. Robert Bruce, commandant des troupes du roi d’Ecosse, ayant reçu un message du roi de France, lui remit librement et sans aucune rançon, au carême suivant, le seigneur de Sully, envoyé en députation vers le roi d’Angleterre qui était alors en Ecosse ; mais il retint auprès de lui le comte de Richemond, qu’il ne vou-