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CHRONIQUE

la maison de France, qu’il voulait seulement défendre ses terres et secourir ses amis. Philippe lui manda de nouveau que s’il avait le projet de faire passer des vivres aux habitans de Verceil, il s’y opposerait de tout son pouvoir et le ferait renoncer à son entreprise. Il avait en effet la ferme espérance qu’il recevrait bientôt des Guelfes un nombreux secours d’hommes d’armes. Galéas, dit-on, lui répondit ainsi : « J’apporterai des vivres aux assiégés, et si quelqu’un m’attaque, je me défendrai, parce que personne sans injustice ne peut me blâmer en ceci. » Alors Philippe supposant qu’il aurait à livrer un combat, leva le siège, et s’éloignant d’un mille de Verceil, pour choisir un lieu propre à l’action, rassembla et rangea son armée dans une plaine, près du chemin par lequel devait passer Galéas. Celui-ci étant arrivé en cet endroit, envoya d’abord en avant quatre cents Allemands avec des chevaux très bien dressés au combat ; ils étaient suivis d’un convoi de vivres, accompagné et gardé par une foule innombrable de stipendiés qui formaient comme le second rang ; enfin au troisième rang s’avançait Galéas à la tête d’un grand nombre de chevaliers lombards ; en sorte que le premier, le second et le troisième rangs pris séparément, excédaient du décuple l’armée de Philippe. Comme les premières troupes avaient déjà passé l’armée, et qu’il ne voyait encore paraître aucun des Guelfes, dont il espérait fermement l’aide et le secours, craignant d’être enveloppé par les ennemis, Philippe demanda à Galéas de lui accorder une trêve et de se rendre vers lui pour avoir une conférence amicale. Galéas s’y rendit volontiers et de bon cœur,