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DE GUILLAUME DE NANGIS

l’empire, distribuant illicitement les fiefs, avait par là porté préjudice aux priviléges de l’Église romaine ; en sorte que quand bien même il aurait eu auparavant quelques droits au trône, cette conduite l’en privait justement.

Vers le même temps il s’éleva dans la cour de Rome, au sujet des frères Minimes, une discussion délicate qui dans la suite des temps, comme nous l’avons vu de nos propres yeux, fut pour l’Église une source de scandales et de schismes pervers. En effet, la règle desdits frères et leurs vœux portent explicitement et expressément qu’aucun frère n’aura rien ni en propre, ni en commun, et qu’ils n’ont droit à aucune sorte de propriété, mais simplement à l’usage des choses ; ils affirment que cette manière de vivre est la plus parfaite, qu’elle est évangélique, et a été suivie par le Christ et les apôtres, qui ont enseigné à la suivre, et que le Christ ne possédait rien du tout ni en propre, ni en commun. Cette singularité excita la surprise de quelques-uns ; par exemple, dans une chose dont l’usage est la consommation, comme dans quelque chose qu’on mange, supposez du pain et du fromage, il est certain qu’en cette circonstance la possession passe dans l’usage, et que celui qui a l’usage a la possession ; voilà donc un cas où on ne peut distinguer la possession de l’usage, et il faut que, dans l’expression de leur vœu, il soit dit que dans aucune chose on n’a la possession, et que cependant, en ce qui se rapporte à la vie, on a usage de la possession. Supposez qu’ils veuillent vivre, il est donc nécessaire à ceux qui professent cette règle de rompre leur vœu bien plus, il est évident qu’un