Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée
328
CHRONIQUE

les droits et juridictions temporelles, confirma les privilèges, et fit les autres actes royaux qui étaient et paraissaient de son ressort. Il disait qu’il pouvait le faire sans aucune requête de l’Église et du pape, parce que lui-même et ses prédécesseurs l’avaient fait et prescrit depuis si long-temps qu’on n’avait pas souvenir du contraire. Il s’éleva à l’occasion de cette élection une très-funeste dissension entre les deux princes élus, qui ravagèrent mutuellement leurs terres par beaucoup d’incursions. Enfin il se livra entre eux une bataille en plaine ; et quoique le parti de Frédéric, duc d’Autriche, fût le plus nombreux, le plus fort et le plus puissant, Louis cependant, à la tête d’un nombre peu considérable de troupes, en comparaison des ennemis, tua beaucoup de ceux-ci, en contraignit un grand nombre à la fuite, et, s’emparant de Frédéric et de Henri son frère, remporta une glorieuse victoire. Après ce triomphe, Louis, selon la coutume de ses prédécesseurs, envoya vers le souverain pontife une solennelle ambassade pour lui demander qu’il le confirmât sur le trône, et le couronnât et bénît empereur, ce qui, disait-il, lui était dû de droit. Le pape cependant n’y voulut absolument point consentir, disant que comme il y avait eu opposition à son élection, il appartenait au souverain pontife, avant de le confirmer dans la dignité de l’Empire, de décider définitivement auquel des deux élus revenait légitimement la couronne. De même, disait-il, au pape appartient l’approbation, non seulement de l’élection, mais même de la personne élue, avant que les droits impériaux puissent être légitimement exercés ; et Louis, en s’ingérant à les exercer, recevant les hommages de