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DE GUILLAUME DE NANGIS

couronner Philippe avant qu’on eût délibéré sur les droits de la jeune fille Jeanne, fille aînée du feu roi Louis, sur le royaume de France et de Navarre. D’après ces faits et quelques indices, un grand nombre concluaient que lesdits grands et pairs du royaume et quelques autres avaient contre le roi une secrète inimitié, et on disait même que son oncle Charles, comte de Valois, favorisait leur parti. Malgré tout cela cependant on célébra solennellement la cérémonie du couronnement, les portes de la ville fermées et gardées par des hommes d’armes. Une discussion s’étant élevée entre l’évêque de Beauvais et l’évêque de Langres sur la question de savoir à qui appartenait la préséance de la pairie, on décida en faveur de l’évêque de Beauvais. Mathilde, comtesse d’Artois, mère de la reine, tint, dit-on, la couronne comme pair du royaume avec les autres pairs, ce qui excita l’indignation de quelques-uns. À la mort de Philippe de Marigny, archevêque de Sens, frère d’Enguerrand, dont nous avons parlé plus haut, le noble Guillaume, frère du vicomte de Meaux, lui succéda. Vers le même temps, Gilles, archevêque de Bourges, étant mort, eut pour successeur l’évêque de Limoges. Dans ce temps aussi moururent Guichard, autrefois évêque de Troyes, et Jean, autrefois chantre d’Orléans, qui lui avait succédé à l’évêché de Troyes, et mourut le jour même de sa consécration.

Robert, neveu de la comtesse d’Artois par son frère, ayant été délivré de prison, après quelques altercations au sujet du jugement sur les droits du comté d’Artois, les deux parties traitèrent à l’amiable, et Robert renonça à tous ses droits sur le comté, à condi-