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CHRONIQUE

France. Dans le même temps, au mois de juillet, à la fête de sainte Christine, Louis, roi de France, ayant pris à Saint-Denis l’étendard appelé oriflamme, et l’ayant remis au sire Henri de Herquère, partit pour la Flandre le dernier jour de ce mois, et le dimanche suivant, à la fête de l’Invention de saint Etienne, premier martyr, il s’unit en mariage à la reine Clémence. Après qu’ils eurent été couronnés et sacrés ensemble de la sainte onction, le roi s’approcha d’un château de Flandre appelé Lille ; de là, conduisant son armée vers un endroit appelé Bonde, il y campa, et fit construire un pont. Les ennemis, qui avaient aussi dressé leur camp sur les bords de la Lys, mais au-delà de ce fleuve, rompirent ce pont, afin d’empêcher l’armée du roi de passer vers eux. Il y eut aussi une si grande et si continuelle inondation de pluies dans ce pays, que les hommes et les chevaux, enfoncés jusqu’au jarret dans la boue et la fange, furent accablés de beaucoup d’incommodités. Enfin, comme il ne pouvait arriver de vivres vers lui ni vers son armée, le roi, ayant pris conseil des barons, fut forcé, quoique non sans une grande affliction et amertume de cœur, de licencier son armée, et de s’en revenir sans être venu à bout de son entreprise. De peur que le butin n’enrichît les ennemis, il fit mettre le feu aux tentes ; ce que voyant les ennemis, ils crurent que les nôtres, ayant dressé un pont, voulaient fondre sur eux, et brûlant aussi leurs tentes, ils se mirent à fuir. Avant de partir de ce lieu, le roi, par le conseil de ses oncles, de ses frères et de ses barons, dota, dit-on, la reine Clémence de vingt mille livres de revenus, assignés principalement sur Loriz, Baugency, Montargis, Fon-