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CHRONIQUE

autres Templiers, à savoir le visiteur de l’Ordre en France, et les maîtres d’Aquitaine et de Normandie, sur lesquels le pape s’était réservé de prononcer définitivement, avouèrent tous quatre ouvertement et publiquement les crimes dont on les accusait, en présence de l’archevêque de Sens et de quelques autres prélats et hommes savans en droit canon et en droit divin, assemblés spécialement pour ce sujet, d’après l’ordre du pape, par l’évêque d’Albano et deux autres cardinaux légats, et auxquels fut donné communication de l’avis du conseil des accusés. Comme ils persévérèrent dans leurs aveux, et paraissaient vouloir y persister jusqu’à la fin, après une mûre délibération, sur l’avis dudit conseil, ladite assemblée les condamna, le lundi après la fête de Saint-Grégoire, sur la place publique du parvis de l’église de Paris, à une réclusion perpétuelle. Mais voilà que, comme les cardinaux croyaient avoir définitivement conclu cette affaire, tout-à-coup deux des Templiers, à savoir le grand-maître d’outre-mer et le grand-maître de Normandie, se défendirent opiniâtrement contre un cardinal qui portait alors la parole, et contre l’archevêque de Sens, et sans aucun respect recommencèrent à nier tout ce qu’ils avaient avoué, ce qui causa une grande surprise à beaucoup de gens. Les cardinaux les ayant remis entre les mains du prévôt de Paris alors présent, seulement pour qu’il les gardât jusqu’à ce que le jour suivant ils délibérassent plus amplement à leur égard, aussitôt que le bruit de ces choses parvint aux oreilles du roi qui était alors dans le palais royal, il consulta avec les siens, et, sans en