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CHRONIQUE

et les fossés furent à ras de terre. Ensuite, ayant reçu de ceux qui étaient restés dans la ville une rançon de beaucoup de milliers de florins, il marcha vers Brescia, et assiégea vigoureusement cette ville rebelle, depuis l’Ascension du Seigneur jusqu’à la Nativité de la sainte Vierge. Un combat ayant été livré, le commandant de la ville, nommé Thibaut Brisath, fut pris vivant et amené en la présence de l’empereur. Voyant qu’il ne pouvait se soustraire à la mort, il avoua publiquement que beaucoup de conspirations avaient été traîtreusement ourdies pour la ruine de l’empereur et des siens, et accusa de complicité les grands de la ville de Milan. Après l’avoir entendu, l’empereur le fit traîner au milieu de l’armée, et ensuite suspendre à un gibet pendant deux heures ; après quoi, par son ordre on le retira du gibet et on lui trancha la tête, qui fut attachée au bout d’une lance, et exposée dans le lieu le plus haut de l’armée. Le tronc de son corps, coupé en quatre morceaux, fut porté dans quatre endroits différens de l’armée. L’empereur lui fit subir un supplice si cruel afin que l’atrocité de sa mort fût désormais pour les traîtres et les conspirateurs un miroir et un exemple, et qu’ainsi au moins la rigueur des maux que souffraient les méchans réprimât ceux qu’une inclination naturelle ne poussait pas au bien. L’empereur soumit ladite ville, et détruisit les habitans et les murs auxquels ils se fiaient pour leur défense. À ce siège mourut son frère Galeran, ce qui fut pour le prince un bien juste sujet de douleur et d’affliction. Dans le temps de ce siège, toutes les villes de la partie de l’Italie appelée proprement Lom-