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CHRONIQUE

devaient paraître ensemble le même jour en un certain lieu, à savoir à Boulogne-sur-Mer, et révéler publiquement qui ils étaient. Il arriva qu’à quelques légers signes observés sur les Flamands, plusieurs gens des deux sexes les accueillirent avec empressement et s’infatuèrent d’eux, en sorte que les prenant pour lesdit seigneurs, ils les reçurent avec honneur, tandis que les imposteurs, parlant à peine et rarement, affirmaient, par un artifice sûr de son effet, qu’ils n’étaient pas ceux dont on rapportait communément ces bruits frivoles. Quelques nobles matrones admirent plusieurs d’entre eux en qualité d’époux à la couche conjugale, ce qui leur attira ensuite des moqueries de la part des autres, surtout à la principale d’entre elles.

Charles, comte de Valois, prit en troisièmes noces la fille de Gui comte de Saint-Paul. Robert, fils de Philippe d’Artois, prit pour femme Blanche, une des filles du feu duc de Bourgogne. La même année Gui, fils aîné du feu comte de Blois, prit en mariage la fille de Charles de Valois et de sa femme Catherine, d’un âge encore tendre. Le samedi après l’Ascension du Seigneur, vers le soir, il y eut dans le diocèse de Paris un terrible orage dans lequel il tomba une neige abondante et très-dangereuse, dont la violence était augmentée tant par de grandes et grosses pierres qui tombèrent en même temps, que par le souffle du vent. Les moissons périrent avec les grains, et les vignes avec les grappes ; plusieurs arbres furent arrachés de leurs racines, et la force du vent fit tomber ce jour-là une cloche de l’église paroissiale de Chevreuse.