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CHRONIQUE

lument tout, et plusieurs, qui avaient d’abord avoué, nièrent ensuite, et persistèrent jusqu’à la fin dans leurs dénégations ; quelques-uns d’entre eux périrent au milieu des tortures.

Le roi fit renfermer à Corbeil le grand-maître de l’ordre, et fit retenir les autres à Paris et dans diffé- rentes prisons, jusqu’à ce qu’il eût délibéré, avec le Siège apostolique et les prélats, de quelle manière il devait agir en cette affaire contre l’ordre et les personnes des Templiers, pour procéder selon Dieu et la justice. Il fit saisir partout leurs biens, et les fit retenir en son pouvoir par des gens sûrs, qu’il envoya pour en prendre possession et les garder.

Un certain Juif nommé Prote, converti à la foi catholique, déclara devant l’inquisiteur de la perversité hérétique, que, par les exhortations de son frère nommé Monsset, il était revenu au judaïsme, que d’abord on l’avait baigné dans de l’eau chaude, et ensuite circoncis selon la coutume des Juifs dans ces circonstances. Quelque temps après, examiné et interrogé définitivement sur cette déclaration, il dit qu’il avaitt menti surtout, et qu’il n’avait fait ce mensonge qu’en haine de son frère qui ne voulait point lui payer ce qu’il lui devait. Comme on ne savait à quel parti s’arrêter, d’après le conseil des doctes et par le consentement de l’évêque, il fut réglé qu’on s’en tiendrait à la première confession plutôt qu’à la seconde, et qu’il devait être puni comme relaps par un emprisonnement perpétuel ; ce qui fut exécuté. Mais ensuite il reconnut, devant ledit inquisiteur, qu’il avait dit dans la prison qu’il n’était pas chrétien, mais juif et appelé Samuel, et que les Chrétiens mangent