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CHRONIQUE

Après la mort de Hugues de la Marche, comte d’Angoulême, son comté fut dévolu à Philippe, roi de France. Ledit Philippe parcourut pendant tout l’hiver les provinces d’Aquitaine, de l’Albigeois et de Toulouse, et attira admirablement à lui et maintint dans son parti par sa bonté et sa munificence les cœurs de tous les nobles et gens de basse naissance, dont quelques-uns, disait-on, excités par de mauvais conseils, voulaient déjà se soulever. Vers le même temps, de très-fortes plaintes furent faites contre quelques frères de l’ordre des frères Prêcheurs envoyés dans le pays de Toulouse par les inquisiteurs de la perversité hérétique, parce que quelquefois, disait-on, poussés plutôt par la cupidité que par le zèle de la foi, ils accusaient et faisaient renfermer dans diverses prisons plusieurs hommes, tant nobles que du commun, et mettaient en liberté, sans leur infliger aucune punition, ceux qui leur donnaient de l’argent ou des présens ; c’est pourquoi il arriva que le vidame de Pecquigni chevalier sage, expérimenté et catholique selon la foi, envoyé dans ce pays en qualité de sénéchal par le roi, aux oreilles duquel étaient déjà parvenues ces plaintes, et qui s’acquittait alors de sa mission, prit, dit-on, de soigneuses informations, et, trouvant dans les prisons quelques gens innocens de la peste hérétique, les délivra malgré les frères. Déclaré ensuite excommunié ouvertement et publiquement à Paris par lesdits inquisiteurs, irrités de ce qu’il avait fait, il en appela aussitôt au Siège apostolique, et, poursuivant enfin son appel, il mourut à Pérouse, où résidait alors la cour de Rome. Vers la Purification de la sainte Vierge, mourut la fille de