ne purent l’emporter, et se dirigèrent vers Morin, ville du roi de France, qu’ils assiégèrent au mois de juillet, et finirent par livrer à un désastreux incendie.
Vers le commencement de septembre, Philippe, roi de France, voulant de nouveau prendre les armes contre les Flamands, rassembla un grand nombre de troupes, et fit de grands préparatifs de guerre à Péronne, ville du Vermandois, et dans le voisinage. Mais là, trompé, dit-on, par les malins conseils du comte de Savoie, il conclut avec les ennemis une trêve jusqu’à la fête suivante de Pâques, et quitta de nouveau la Flandre sans y avoir acquis aucune gloire.
Le pape Boniface ayant totalement et expressément refusé ledit appel du roi de France, que lui portait le chevalier Guillaume de Nogaret, envoyé vers lui par le roi pour ce sujet, et la sommation et demande qu’on lui faisait d’un concile général, fit annoncer son refus par des lettres qu’on attacha aux portes des églises. Mais enfin il fut violemment arraché de sa maison à Anagni, où il était né, et retenu prisonnier, avec les communautés et ceux qui le secoururent, par quelques citoyens chevaliers et autres gens de la ville, excités par ledit chevalier, qui, selon l’opinion publique, avait à cet effet armé une multitude de gens. Le chevalier agit ainsi de peur que le pape n’entreprît quelque chose au préjudice du roi et du royaume de France, sans que lesdits appels y pussent mettre d’empêchement. Le pape fut ainsi conduit à Rome ; mais succombant tant au chagrin intérieur de son esprit qu’à une maladie du corps, il termina ses jours. Benoît XI, Italien de nation, de l’ordre des frères Prêcheurs, lui succéda au pontificat.