Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée
226
CHRONIQUE
[1296]

Le pape, Céléstin, déposé, termina son dernier jour. Les Ecossais ayant fait alliance avec le roi de France, entrèrent dans le royaume d’Angleterre, qu’ils ravagèrent mais comme ils revenaient de cette expédition, Jean, leur roi, trahi par quelques-uns, fut pris et envoyé au roi d’Angleterre ; Pierre et Jacques de Colonne, cardinaux de l’Église romaine, qui affirmaient que la déposition du pape Célestin avait été injuste, ainsi que l’élévation de Boniface, s’efforçant par là de troubler l’Église romaine par un schisme, furent déclarés par le pape Boniface déchus de leur dignité de cardinaux et privés de tous leurs biens et bénéfices ecclésiastiques.

Alphonse et Fernand, fils de Blanche, fille de saint Louis roi de France, et de feu Fernand, fils aîné du roi de Castille, qui avaient été dépouillés totalement par Alphonse, leur aïeul, de leurs droits légitimes sur la souveraineté et dignité royale et vivaient en exil dans le royaume de France, ayant appris la mort du roi Sanche leur oncle, marchèrent à grandes journées vers l’Espagne, et, concluant un traité avec Jacques, roi d’Aragon, soutenu par le secours de son frère et de son fils Jean Nunez, baron d’Espagne, soumirent totalement à leur pouvoir le royaume de Léon.

Alphonse, l’aîné des frères, conféra et donna aussitôt ce royaume, pour être tenu de lui en fief, à Jean, son oncle, qui était venu à leur secours, et par là attira admirablement à lui les cœurs de sa nation.

Une exaction extraordinaire, appelée maltôte, fut, à cause de la guerre qui régnait entre les rois de France et d’Angleterre, levée dans le royaume de France ; elle ne fut d’abord imposée que sur les mar-