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DE GUILLAUME DE NANGIS

les Sarrasins assiégèrent les Chrétiens pendant dix jours consécutifs, depuis le 4 dit mois de mai, et, lançant à la main de grosses pierres dans la ville, ils y firent beaucoup de dégât, et ne laissèrent pas aux citoyens un instant de repos ; c’est pourquoi les habitans effrayés firent transporter à Chypre par des vaisseaux les vieillards, les malades, les femmes, les enfans et tous ceux qui ne pouvaient servir à la défense, avec les trésors, les marchandises et les saintes reliques. Beaucoup de chevaliers et d’hommes de pied,voyant que des discordes s’élevaient entre les citoyens, se retirèrent également avec tous leurs biens ; en sorte qu’il ne resta à Acre que douze mille hommes environ, cinq cents chevaliers, et le reste en hommes de pied, tous vaillans hommes de guerre.

Le 15 du mois de mai, les perfides Sarrasins assaillirent si vigoureusement les gardes des remparts, que la garde du roi de Chypre fut sur le point de céder, et que, sans le secours de l’épaisse obscurité de la nuit et de quelques gardes qui vinrent d’un autre côté et arrêtèrent l’impétuosité des ennemis, ceux-ci fussent entrés dans la ville. La nuit suivante, le roi de Chypre, ayant remis à un commandant des troupes allemandes la défense du lieu qu’il était chargé de garder, disant qu’il viendrait la reprendre le lendemain matin, s’enfuit honteusement par mer pendant cette nuit avec tous les siens et près de trois mille autres hommes d’armes. Le lendemain, les Sarrasins étant venus pour combattre, et voyant peu de défenseurs sur les remparts confiés à la garde du roi de Chypre, accoururent de toutes parts vers cet endroit, comblèrent le fossé de morceaux de bois et plusieurs