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DE GUILLAUME DE NANGIS

pouvoir, pour faire obtenir aux Aragonais la paix avec l’Église romaine et le roi de France, que s’il ne pouvait y parvenir, il retournerait à sa prison dans l’espace de trois ans, conformément au serment qu’on l’obligea de prêter, et jusqu’à l’accomplissement de toutes ces conditions, il fut forcé de livrer en otage trois de ses fils et quarante nobles. Tripoli, ville du pays d’outre-mer, fut prise par le soudan de Babylone. Beaucoup de milliers de Chrétiens y furent tués, et les autres faits prisonniers. Les habitans d’Acre, effrayés par la prise de Tripoli, demandèrent aussitôt, et obtinrent du soudan une trêve de deux ans.


[1289]

Quinze cents hommes stipendiés, envoyés à Acre par le pape Nicolas, pour le secours de la Terre-Sainte, sortirent d’Acre armés, malgré la volonté des Templiers et des Hospitaliers, et, rompant la trêve conclue avec le soudan, firent une incursion sur les habitans et les villes des Sarrasins, et tuèrent sans miséricorde et sans distinction de sexe tout ce qu’ils rencontrèrent de Sarrasins, qui se croyaient en sûreté et en paix, a cause de la trêve. Charles, prince de Salerne, délivré de prison, vint à Rome, où il fut le jour de la Pentecôte couronné roi de Sicile par le pape Nicolas et absous du serment qu’il avait fait au roi des Aragonais. Jacques, usurpateur de la Sicile, entra avec une grande armée sur le territoire de la Calabre, et assiégea la ville de Gaëte. Le roi Charles quitta promptement Rome pour venir à sa rencontre, et délivra aussitôt les assiégés ; car comme on se préparait au combat de part et d’autre, survint un chevalier du roi d’Angleterre, qui, par l’intervention de son maître, fit conclure entre eux une trêve de deux ans.