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DE GUILLAUME DE NANGIS

prince de Salerne, qui est innocent ; tant qu’il Je retiendra, il ne trouvera jamais auprès de nous ni grâce ni faveur. Et quoiqu’il soit en possession du royaume d’Aragon nous déclarons cependant qu’il n’a aucun droit sur ce royaume, qui appartient par le don de l’Église à Charles frère du roi de France. Que si cependant il veut lui-même discuter ses droits en notre présence, nous sommes prêts, s’il vient, à l’entendre et à lui rendre une justice complète. » Ensuite vinrent deux frères Mineurs, envoyés par les Siciliens, qui exposèrent comment ils avaient long-temps été opprimés par les Français, disant que, ne pouvant plus les supporter, ils avaient eu l’intention de les expulser légalement de leur terre, lorsque quelques hommes méchans leur avaient subitement couru sus avec une grande cruauté ce qui avait déplu aux gens de bien. Ils excusaient de sa malice Constance, mère de Jacques, qui s’était emparée de la Sicile, disant qu’elle était venue en Sicile à cause de l’obéissance que doit une femme à son mari ; et demandaient que le pontife romain confirmât l’élection de Jacques, son fils, que les Siciliens avaient choisi pour roi. Ayant entendu ces discours et beaucoup d’autres aussi frivoles, le pape ordonna aux envoyés de se retirer, leur disant de se charger à l’avenir de négociations plus sensées et meilleures.


[1288]

Un grand nombre de galères étant venues de tous les côtés se rassembler à Naples vers l’Ascension du Seigneur pour faire la guerre aux Siciliens, un certain chevalier, nommé Renauld d’Avellino, se mit en mer avec plusieurs galères armées, par le conseil et l’ordre du comte d’Artois, et s’empara facile-