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CHRONIQUE

des vaisseaux à Venise et par toute la Toscane.

Vers la Nativité du Seigneur, des envoyés d’Aragon et de Sicile étant venus à la cour de Rome dans le consistoire, en présence du pape et des cardinaux tinrent beaucoup de discours faux et frivoles, qui furent accueillis par quelques-uns avec une haute faveur. D’abord les Aragonais excusaient leur roi Alphonse sur ce qu’il n’avait pas, après la mort de son père, envoyé des députés à la cour de Rome, en disant que ces députés n’avaient pu s’y rendre à cause des guerres dont le royaume était alors menacé. En second lieu, ils soutenaient l’innocence de leur maître, comme n’ayant participé en rien aux actions de son père. Troisièmement, ils disaient qu’il avait été, longtemps avant la mort de son père, en possession du royaume dont il demandait qu’on le laissât tranquillement continuer de jouir, et sur lequel il desirait que le pape ne permît pas que certaines gens l’inquiétassent injustement. Quatrièmement, il s’offrait à servir l’Église romaine, assurant qu’il s’appliquerait à imiter ceux de ses prédécesseurs qui avaient obéi avec soumission à ladite Église. Le pape dit qu’il ne mettait pas d’importance au premier point. Il répondit ainsi sur le second « Il nous plairait beaucoup que le roi Alphonse fût innocent, mais il nous prouve le contraire en ne cessant d’envoyer des troupes dans notre terre de Sicile, en rébellion contre nous et le roi de Sicile. En outre, il ne veut nullement per- mettre qu’on observe notre interdit dans la terre d’Aragon, et s’est emparé de la terre et des domaines de son oncle le roi de Majorque, défenseur de l’Église. De plus, il retient prisonnier Charles,