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CHRONIQUE

dans les plaines de Bordeaux, cent chevaliers qu’il aurait choisis ou pu rassembler, et au nombre desquels eux deux, Pierre et Charles, devaient être comptés, et qu’ils combattraient ainsi cent contre cent ; que celui qui serait vaincu, serait déclaré infâme, privé du nom de roi, et se contenterait désormais d’être accompagné d’un seul serviteur ; celui qui ne se trouverait pas dans ledit lieu au premier jour de juillet de l’année suivante, préparé selon ces conventions, devait encourir les mêmes peines, et même être réputé parjure.


[1283]

Gui de Montfort, délivré par le pape Martin de la captivité dans laquelle il était retenu depuis long-temps, fut envoyé par le même pontife au secours des siens dans la Romagne, le remit aussitôt en possession des terres et des villes de l’Église dont s’était emparé Gui de Montefeltro, et jura d’obéir aux ordres de l’Église. La Romagne rentra ainsi tranquillement sous la domination du pape, à l’exception de la ville d’Urbin. Gui de Monfort attaqua cette ville, et prit et ravagea tout ce qu’il trouva hors de ses murs.

Le premier jour de juillet, Charles, roi de Sicile, se rendit à Bordeaux pour combattre contre Pierre d’Aragon, préparé selon les conventions qu’il lui avait indiquées. Mais ledit Pierre n’osa s’y trouver comme il l’avait promis. Il arriva, à ce que disent quelques-uns, dans la nuit qui précédait le jour fixé, accompagné de deux chevaliers, et eut avec le sénéchal de Bordeaux, dans un lieu secret et éloigné, une conférence dans laquelle il prétendit qu’il ne pouvait et n’osait tenir sa parole, à cause des forces