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CHRONIQUE

pal défenseur, entra en Sicile avec une forte armée malgré la défense du seigneur pape. Bientôt, ayant soulevé toute la Sicile, il se fit, au mépris du roi Charles et de l’Église romaine, couronner roi de ce pays, et fit déclarer à Charles, occupé au siège de Messine, qu’il sortît promptement de son royaume, et n’osât plus attaquer les Messinais ; ce que voyant le roi Charles, trahi, dit-on, dans les plaines de Saint-Martin, par le conseil de quelques-uns de ses partisans, il se retira en Calabre.

Il s’éleva une telle discorde entre les clercs de Picardie et les clercs anglais qui étudiaient à Paris, que l’on croyait que les études en seraient interrompues ; car les Anglais, détruisant les maisons des Picards, tuèrent quelques-uns d’entre eux, et les forcèrent de s’enfuir hors de Paris.


[1282]

La veille des calendes de mai, le chevalier Jean d’Eppe, avec les troupes à la solde du seigneur pape Martin, s’étant avancés en guerre contre Gui de Montefeltro, prirent le faubourg de la ville de Forli et y demeurèrent jusqu’au lendemain matin, qu’ils rangèrent leur armée en trois bataillons en face de la ville ; ce que voyant, les ennemis envoyèrent des hommes de guerre diversement armés, afin de pouvoir détruire l’armée de Jean par la ruse plutôt que par les combats. Les deux troupes ayant couru l’une sur l’autre, il s’engagea un combat plein d’ardeur, dans lequel périt, avec environ cinq cents Français, le comte Thaddée, noble champion de l’Église. Les ennemis perdirent plus de mille cinq cents hommes, tant nobles que du commun peuple. La nuit étant enfin venue, ceux qui survivaient au combat se retirè-