résolut avec quelques chevaliers du royaume de France d’achever, s’il pouvait, l’accomplissement du voeu qu’il avait fait, et passa à Acre, en Syrie, pour secourir la chrétienté.
Vers le même temps, pendant que Philippe, roi de France, à son retour de Tunis, était allé visiter les cardinaux de la cour romaine, renfermés dans Viterbe jusqu’à l’élection d’un pape, Henri d’Allemagne, fils de feu Richard roi des Romains, était venu à la cour pour obtenir, s’il le pouvait, le royaume qu’avait possédé son père ; ce qu’ayant appris, Gui, fils de Simon de Montfort, tué dans un combat par Edouard, fils aîné du roi d’Angleterre, qui avait épousé près de Viterbe la fille de Rufin, comte de Toscane, fit entourer d’embûches ledit Henri dans l’église de Saint-Laurent. N’ayant pu venir à bout de l’arracher, comme il le croyait, du milieu des siens, il le perça, dans le lieu saint même, d’un coup de poignard, et, l’ayant ensuite traîné devant les portes de l’église, quoique Henri le suppliât, les mains jointes, de l’épargner, il le frappa trois ou quatre fois de son poignard, et le tua tout-à-fait. Entouré aussitôt des cavaliers de sa suite, qu’il avait disposés d’avance, il quilta Viterbe, et se transporta vers le comte de Toscane, père de sa femme. Comme il avait commis ce crime dans une ville où était le roi de France, cette offense encourut son indignation et le jugement de l’Église romaine, au châtiment de laquelle il lui fallut ensuite se soumettre car l’Église décréta que, pour punition d’un si grand forfait, il serait gardé étroitement dans un très-fort château jusqu’à ce qu’on jugeât à propos de lui pardonner. Philippe, roi de France, étant revenu de