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DE GUILLAUME DE NANGIS

seule alors le royaume de France, n’aurait peut-être pas souffert que leur erreur fit de tels progrès, mais elle espérait que par eux il parviendrait du secours à son fils le roi saint Louis et à la Terre-Sainte. Lorsqu’ils eurent traversé la ville de Paris, ils crurent avoir échappé à tous les dangers, et se vantaient d’être des hommes de bien, ce qu’ils prouvaient par ce raisonnement qu’à Paris, la source de toute la science, jamais personne ne les avait contredits en rien. Alors ils commencèrent à se livrer plus violemment à leurs erreurs, et à s’adonner avec plus d’ardeur aux brigandages et aux rapines. Arrivés à Orléans, ils livrèrent combat aux clercs de l’université, et en tuèrent un grand nombre ; mais il y en eut aussi beaucoup de tués de leur côté. Leur chef, qu’ils appelaient le maître de Hongrie, étant arrivé avec eux d’Orléans à Bourges, entra dans les synagogues des Juifs, détruisit leurs livres, et les dépouilla injustement de tous leurs biens. Mais lorsqu’il eut quitté la ville avec le peuple, les habitans de Bourges les poursuivirent les armes à la main, et tuèrent le maître avec un grand nombre de gens de la troupe. Après cet échec, les autres se dispersèrent en différens lieux, et furent tués ou pendus pour leurs crimes le reste se dissipa comme une fumée.


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Dans le Danemarck, le fameux Henri, roi de ce pays, fut jeté dans la mer par Abel son plus jeune frère, qui voulait régner à sa place. Mais Abel tira de ce meurtre peu d’honneur et de profit ; car, l’année suivante de son règne, ayant voulu soumettre les Frisons, il fut tué par eux. Le pape Innocent régla que tous les cardinaux de l’Église romaine,