Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée
160
CHRONIQUE

sins, et fut pris avec ses deux frères, Alphonse, comte de Poitou, et Charles, comte d’Anjou, et les autres qui s’en retournaient avec eux. Personne de ceux qui revenaient par terre ne put échapper, à l’exception d’un petit nombre, du légat et de quelques autres, qui peu de temps auparavant avaient quitté l’armée chrétienne. La plus grande partie de ceux qui revenaient par le fleuve furent aussi pris et tués. Dans le même temps, la reine de France Marguerite accoucha à Damiette d’un enfant appelé Jean, quelle fit surnommer Tristan, à cause de la tristesse qu’elle ressentit de la captivité de son mari et de ses frères, et des malheurs du peuple chrétien.

Frédéric, empereur des Romains déposé, conduisit prisonnier dans la Pouille, et fit mourir dans la fange d’un cachot Henri son fils, qu’il avait auparavant fait couronner roi des Romains, et lequel était accusé auprès de lui de rébellion. Ensuite ayant assiégé avec de grandes forces, parmi les villes de Lombardie, celle de Parme, comme lui étant plus odieuse, il fut vaincu par le légat du pape Innocent et par les habitans de Parme, et après avoir perdu tous ses trésors et d’autres biens, il s’en retourna dans la Pouille. En traversant ce pays, attaqué d’une grave maladie, il termina son dernier jour. Après sa mort, son fils Conrad, qu’il avait eu de la fille de feu Jean, roi de Jérusalem, commença à dominer puissamment dans la Pouille et dans le royaume de Sicile. Le pape Innocent, ayant appris la mort de Frédéric, quitta Lyon et la France, et partit pour Venise, en Italie, où il demeura pendant long-temps. Le soudan de Babylone, Melech El-Vahen, dernier descendant de la race de Sala-