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CHRONIQUE

patriarche de Jérusalem, avec tout le clergé, y entrèrent en procession, les pieds nus, et réconcilièrent la Mahomerie, qui long-temps auparavant, à l’autre prise de cette ville, avait été consacrée église de la sainte Vierge Marie. Après qu’on eut dans cette église rendu des actions de grâces au Dieu très-haut pour les bien-faits qu’il accordait, le légat célébra une messe solennelle en l’honneur de sainte Marie mère de Dieu. Damiette ayant ainsi été prise par la volonté divine, huit jours après la Trinité, le roi de France et toute l’armée chrétienne y restèrent tout l’été jusqu’à ce que le Nil eût décru, dans la crainte que la hauteur de ses eaux ne leur fit éprouver des dommages, comme on lit qu’il arriva une fois aux Chrétiens dans les temps du roi de Jérusalem. Alphonse, comte de Poitou, frère de saint Louis, roi de France, qui avait été laissé avec sa mère pour la garde du royaume, en abandonnant le soin à ladite dame sa mère, la reine Blanche, prit le chemin d’outre-mer avec la femme de son frère Robert, comte d’Artois, et aborda à Damiette le dimanche avant la fête des apôtres saint Simon et saint Jude. Saint Louis, roi de France, ayant muni Damiette de vivres et de gens, quitta cette ville avec son armée le vingtième jour de novembre et marcha contre les Sarrasins qui s’étaient rassemblés en une grande armée à Massoure. Les nôtres ayant bien et courageusement combattu tout l’hiver dans ce pays contre les Sarrasins, dont ils tuèrent un grand nombre, et auxquels ils firent éprouver de grandes pertes, s’avancèrent un jour contre eux au combat sans précaution et sans ordre. Les Sarrasins, qui avaient repris des forces, entourèrent les nôtres de