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DE GUILLAUME DE NANGIS

avait pour femme la mère du roi d’Angleterre. Le roi Louis les vainquit puissamment, les mit en fuite, et leur fit un grand nombre de prisonniers. Le roi d’Angleterre, passant la Garonne, se retira à Blaye. Le lendemain les habitans de Saintes, réfléchissant à la fuite du roi et du comte, rendirent la ville au roi de France. Le comte de la Marche vint en suppliant à cette ville avec sa femme et ses fils, et répara tous ses méfaits envers le roi de France. Il abandonna, tout ce que le roi avait conquis sur lui, au comte de Poitou, auquel le comte de la Marche et tous ses partisans jurèrent de faire hommage. Le roi d’Angleterre, saisi d’une grande crainte, envoya des députés au roi de France, dont il ne put qu’à grand’peine obtenir une trêve de cinq ans. Il arriva aussi, par la volonté divine, que, dans la suite, les barons de France ne tentèrent plus rien contre leur roi, oint du Seigneur, car ils voyaient très-manifestement que la main du Seigneur était avec lui.

Les Tartares, après avoir ravagé la Géorgie, l’Inde et la Grande-Arménie, réunis tous ensemble, dévastèrent Arsaron[1], première ville de Turquie, et soumirent les Turcs et la Turquie jusqu’à Faustre et Iconium, ville royale. Un de leurs princes, nommé Bathon, ravagea la Pologne, la Hongrie et les pays situés près de la mer du Pont, la Russie, la Gazarie, avec trente autres royaumes, et parvint jusqu’aux frontières de la Germanie. Comme ils craignaient de passer la Hongrie, ayant sacrifié aux démons, ils en reçurent cette réponse : « Allez en sûreté, parce que vous êtes précédés par l’esprit de discorde et d’incrédulité qui trou-

  1. Erzeroum