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CHRONIQUE

ceux qui s’efforçaient de gêner César. Ce que voyant, le saint roi lui manda de nouveau qu’il ne fit pas trop usage de sa puissance, que le royaume de France n’était pas si faible qu’il dût risquer de le presser de l’éperon. L’empereur comprenant ces paroles, délivra, quoique malgré lui, tous les prélats, dans la crainte d’offenser le roi de France Louis.


[1241]

Saint Louis, roi de France, fit chevalier, à Saumur, Alphonse, son frère, qu’il avait solennellement marié peu de jours auparavant à Jeanne, fille du comte de Toulouse, et lui accorda à perpétuité la terre d’Auvergne, du Poitou, et les terres des Albigeois. Il ordonna en cette ville à Hugues, comte de la Marche, de faire hommage à son frère, selon qu’il le devait, pour une terre qu’il avait dans le Poitou. Hugues, enflé du vent de l’orgueil, refusa de le faire ; c’est pourquoi le roi, violemment irrité, mais n’étant pas prêt pour le combattre, s’en retourna à Paris avec une grande indignation.


[1242]

Saint Louis, roi de France, n’oubliant pas l’audace de Hugues, comte de la Marche, attaqua sa terre avec une grande multitude d’hommes d’armes. Il prit d’abord un château appelé Montreuil, situé dans le Gâtinais, la tour de Birge avec deux châteaux très-fortifiés, Nogent et Fontenay, appartenans à Geoffroi de Lusignan qui tenait pour le parti du comte. Le saint roi fit détruire quelques autres châteaux, et s’empara ensuite de tout le pays jusqu’à Saintes. Il livra bataille devant cette ville audit Hugues, comte de la Marche, et à Henri, roi des Anglais que Hugues avait engagé à passer en France avec une grande multitude d’Anglais, parce qu’il