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CHRONIQUE

somme et plaça pour gage, entre leurs mains, les instrumens de la Passion du Seigneur à savoir, une très-grande partie de la sainte croix, le fer de la lance dont fut percé le corps du Seigneur, et l’éponge qu’on lui présenta trempée de vinaigre. Ce qu’ayant appris, le très-dévot Louis, roi de France, obtint, par promesse et par le don de l’empereur et de son gendre Baudouin, de faire porter à Paris ces grandes reliques rachetées de ses richesses, et les fit honorablement placer dans la chapelle de sa maison.

Simon de Montfort, très-vaillant chevalier de France, fils de Simon, comte de Montfort, qui mourut à Toulouse d’un coup de pierre lancée d’un pierrier, étant devenu ennemi de la reine de France, mère du très-pieux roi Louis, s’enfuit en Angleterre auprès du roi Henri, qui le reçut avec bienveillance et lui donna sa sœur en mariage avec le comté de Leicester. Richard, comte de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre Henri, étant parti pour la Terre-Sainte avec une grande armée, y trouva celle des Français dans un grand désordre. Touché de haute compassion pour la Terre-Sainte, il fit conclure une trêve mutuelle et un traité entre les Chrétiens et les Sarrasins, et fit délivrer fidèlement les prisonniers qu’ils tenaient. Amauri, comte de Montfort, délivré de la captivité des Sarrasins, mourut à Rome, où il était passé en revenant, et fut enseveli avec vénération dans la basilique de Saint-Pierre. Jean, son fils, lui succéda en son comté.


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Frédéric, empereur des Romains, se révoltant plus violemment que de coutume contre l’Église de Rome, dressa des embûches à ceux qui se ren-