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CHRONIQUE

gueur et bon ordre, le royaume subsistera mais si on les sépare, ou si on les arrache du royaume, le royaume divisé sera désolé et tombera.


[1231]

Les députés de Frédéric, empereur des Romains, étant revenus du pays d’outre-mer, où ils avaient été envoyés vers le soudan de Babylone, l’empereur excommunié, s’inquiétant peu de l’excommunication du pape, prit, sans avoir reçu l’absolution, et à l’insu du pape, le chemin de Jérusalem. Il navigua par mer, et aborda à Chypre où il demeura jusqu’à ce que son sénéchal, qu’il envoya à Acre avec une grande muliuude d’hommes d’armes, lui annonçât la volonté du soudan de Babylone. Par le conseil du roi de France, saint Louis, et d’hommes religieux, le monastère de Saint-Denis en France fut réformé sous l’abbé Eudes ; les moines n’osaient le faire auparavant, à cause de la dédicace mystérieuse qu’on sait que ce monastère a reçue du Seigneur lui-même.


[1232]

Simon, archevêque de Bourges, mourut, et eut pour successeur Philippe, auparavant évêque d’Orléans. Le sénéchal de Frédéric, empereur des Romains, envoyé à Acre, fit souffrir beaucoup de dommages aux pélerins chrétiens, et, sortant souvent en secret de la ville, tint conseil avec le soudan de Babylone et les Sarrasins. Connaissant leurs volontés, ainsi que le souhaitait son seigneur, il manda à Frédéric de venir promptement à Acre. Quittant aussitôt Chypre, Frédéric fit savoir au pape Grégoire qu’il était dans Acre au-delà de la mer, et le pria de le dégager du lien de l’excommunication. Mais le pape, sachant d’avance qu’il était uni avec les Sarrasins par une détestable alliance, et qu’il avait conclu avec le