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CHRONIQUE

pour les siens ; ce qui arriva pour la juste punition de nos péchés. Les nôtres manquèrent de vivres, et le Nil, selon son cours ordinaire, occupa toute la terre où était l’armée chrétienne. Ainsi le peuple de Dieu, perdant la moitié de ses forces, enfoncé jusqu’aux genoux dans le limon déposé par les eaux fangeuses, fut forcé de rendre Damiette, à condition qu’une partie du bois de la croix du Seigneur, que Saladin, soudan de Damas, avait emportée de Jérusalem, serait rendue aux Chrétiens, qu’on concluerait une trève de huit ans, et que les Sarrasins mettraient en pleine liberté tous les Chrétiens captifs, et leur donneraient un sauf-conduit jusqu’à Acre. Ainsi Damiette, prise avec beaucoup de peines et de dépenses, et possédée pendant plus d’un an par les nôtres, fut rendue aux Sarrasins à la fête de la Nativité de la sainte Vierge Marie, mère du Seigneur. Manassès, évêque d’Orléans, mourut, et eut pour successeur Philippe, neveu de saint Guillaume, archevêque de Bourges.


[1222]

Henri, comte de Nevers, qui était revenu du pays d’outre-mer avant la prise de Damiette, périt par le poison. Il fut d’abord enterré dans le château de Saint-Aignan, dans le territoire de Bourges, et ensuite dans le monastère de Pontigny, de l’ordre de Cîteaux. Il ne laissa qu’une fille, qui fut donnée en mariage à Gui, comte de Saint-Paul.

Maître Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, mourut le jour même de son synode qui assista à son enterrement dans l’église de Sens. Maître Gautier Cornu lui succéda. Dans ce temps mourut aussi Guillaume, évêque de Paris, qui avait transporté une partie des