Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée
129
DE GUILLAUME DE NANGIS

rait du commandement de toute l’année, disant et s’efforçant de faire croire que rien n’avait été fait ou ne se faisait que par ses ordres. C’est pourquoi le roi Jean quitta Damiette et se rendit en Syrie.


[1221]

Les Tartares étant entrés dans la Géorgie et la grande Arménie, ravagèrent ces contrées et les soumirent à leur domination. A Damiette, Pelage, légat du Siège apostolique, voyant que le peuple innombrable de Dieu n’obtenait plus aucun succès depuis long-temps à cause de l’absence du roi Jean, le pria par une lettre d’avoir compassion de la chrétienté, et de revenir à Damiette le plus tôt possible. Le roi, acquiesçant volontiers à ses prières, s’en retourna aussitôt. Par sa volonté et le conseil du légat, à la fête des apôtres Pierre et Paul, le roi et le légat, avec une partie très considérable de l’armée bien pourvue d’armes, et portant des vivres pour deux mois, sortirent de Damiette pour se rendre vers Babylone par terre et par mer. Arrivés à un certain endroit, éloigné de vingt-quatre stades de Babylone et d’autant de Damiette, où le Nil, se divisant en trois branches, donne naissance à trois grands fleuves, ils s’emparèrent d’un pont de vaisseaux que les Sarrasins avaient construit, et dressèrent leurs tentes dans une plaine qui s’étendait le long du fleuve. Le soudan voyant leur audace et leur grand nombre, tint conseil avec les siens, et prit la résolution de ne point combattre ; mais il ordonna aussitôt aux siens de garder et de fortifier l’entrée des chemins, de peur, qu’il ne pût arriver aux nôtres, de Damiette, des secours d’hommes ou de vivres. Il espérait par cet exécrable artifice faire périr le peuple de Dieu sans dommage