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DE GUILLAUME DE NANGIS

de toutes parts, le soudan de Babylone et les siens, qui avaient campé sur un des bords du fleuve avec une nombreuse armée, miraculeusement frappés de terreur, s’enfuirent avant l’aurore, abandonnant leurs tentes. Les nôtres l’ayant appris, passèrent aussitôt le Nil, s’emparèrent du camp des fuyards, où ils trouvèrent des dépouilles innombrables, et ainsi le lendemain matin Damiette fut complètement assiégée par les nôtres.

Philippe, roi de France, rendit une ordonnance générale pour défendre aux Juifs du royaume de recevoir en gage des ornemens d’église, et de fournir de l’argent à un religieux sans le consentement de son abbé et du chapitre. Cette ordonnance réglait aussi qu’aucun Chrétien ne pourrait être forcé de vendre son héritage ou ses revenus pour dettes envers les Juifs ; que deux parts de l’héritage ou des revenus du débiteur et de celui qui se portait caution seraient assignées au Juif.

Jérusalem, qui paraissait fortifiée d’une manière inexpugnable, fut détruite par Conradin, fils de Saladin ; les murs et les tours furent réduits en monceaux de pierre, à l’exception du temple du Seigneur et de la tour de David. Les Sarrasins formèrent le dessein de détruire le sépulcre du Seigneur, et le firent savoir par une lettre aux habitans de Damiette pour les consoler ; mais personne n’osa y porter une main téméraire, car, ainsi qu’il est écrit dans l’Alcoran, le livre de leur foi, ils croient que Jésus-Christ notre Seigneur a été conçu et est né de la vierge Marie, et qu’il vécut sans péché, prophète et plus que prophète ; ils soutiennent qu’il a rendu la vie aux aveu-