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DE GUILLAUME DE NANGIS

Français, les Poitevins, saisis d’une grande frayeur, lui envoyèrent, des députations, et s’efforcèrent de se réconcilier avec lui ; mais le roi, qui avait éprouvé bien des fois leur perfidie, n’y consentit pas, rassembla une armée dans le Poitou ; et s’avança près du lieu où était Jean, roi d’Angleterre. Le vicomte de Thouars l’ayant appris, fit tant, par le moyen du comte de Bretagne qui avait épousé sa mère, qu’il fut reçu en l’amitié du roi de France. Le roi des Anglais, éloigné de lui de dix-sept milles, ne pouvant fuir nulle part, et n’osant s’avancer pour lui livrer bataille en plaine, envoya Renoulf, comte de Chester, avec Robert, légat du Siège apostolique, pour traiter d’une trêve. Le roi Philippe, selon sa bonté accoutumée, lui accorda une trêve de cinq ans, et s’en retourna à Paris.


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La victoire que Dieu avait refusée à l’empereur Othon près de Bovines fit qu’un grand nombre quittèrent son parti en sorte que, cédant au sort, et ne pouvant secouer l’infortune, il alla vivre dans son patrimoine, c’est-à-dire en Saxe, dépouillé de l’Empire, et privé des consolations de ses amis. Attaqué enfin de la dysenterie, il convoqua les évéques et le reste du clergé, demanda avec larmes l’absolution, et mourut peu de temps après l’avoir reçue. Frédéric, roi de Sicile, qui, par l’ordre du pape Innocent, avait été couronné roi des Romains à Mayence, ayant appris qu’Othon était revenu de Flandre dans son pays, sans avoir obtenu de succès, fit marcher son armée, du pays de Souabe, où il demeurait alors, et étant arrivé à Aix-la-Chapelle, assiégea et prit d’assaut cette ville, où il fut de nouveau proclamé roi