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CHRONIQUE

ronne de France, il s’élança aussitôt sur les ennemis. Que dirai-je ? on combattit de part et d’autre avec une égale ardeur, pendant presque toute une journée. Philippe, renversé à terre, y demeura long-temps étendu ; mais ayant enfin retrouvé un cheval, et soutenu par l’aide de Dieu, il vainquit l’ennemi sur tous les points. L’empereur Othon, le duc de Louvain, le comte de Limbourg, Hugues de Boves, tournant le dos, trouvèrent leur salut, dans la fuite et abandonnèrent les bannières impériales. Ferrand, comte de Flandre, Renaud, comte de Boulogne, Guillaume, comte de Salisbury, et son frère, deux comtes d’Allemagne, et beaucoup de gens de grand nom, barons et autres, furent faits prisonniers. Il périt beaucoup de monde du côté d’Othon, et peu du côté du roi de France. Ainsi que le disaient ceux qui avaient été pris, le nombre des chevaliers d’Othon était de mille cinq cents, celui des autres hommes d’armes, bien équipés, était de cent cinquante mille,outre la multitude du commun peuple ; trois jours après, il devait avoir de plus cinq cents chevaliers et un nombre infini d’hommes de pied ; mais le Dieu miséricordieux accomplit, sur le roi de France et les siens, le cantique de Moïse, car un des siens en poursuivait mille, et deux des siens en mettaient dix mille en fuite. Le roi de France ayant tout terminé envoya dans ses châteaux, sous une étroite garde, les ennemis prisonniers, et retourna à Paris, où il amena Ferrand avec lui. Le clergé et le peuple l’accueillirent avec des larmes de joie et des acclamations jusqu’alors sans exemple.

A la nouvelle de la victoire de Philippe, roi des