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DE GUILLAUME DE NANGIS

de ses vaisseaux. Ayant fait décharger le reste des vaisseaux des vivres et autres différentes choses, il y fit mettre le feu, et livra aux flammes la ville et tous le pays d’alentour. Après avoir reçu des otages de Gand, d’Ypres, de Bruges, de Lille et de Douai, il retourna en France. Jean, roi d’Angleterre, sachant qu’il était haï de beaucoup de gens, et voyant sa puissance en danger, fut saisi d’une grande crainte, et voulant apaiser plusieurs personnes qu’il avait offensées, il apaisa d’abord le pape par des présens, ses sujets par la clémence, les prélats, et Etienne, archevêque de Cantorbéry, qu’il avait exilés, par la permission de revenir. Ayant obtenu du pape l’absolution, il lui soumit son royaume à titre de fief, se reconnaissant obligé, à raison de ce, de lui payer chaque année mille marcs, sept cents pour l’Angleterre, et trois cents pour l’Hibernie. Simon de Montfort, qui avait été laissé à Carcassonne contre les hérétiques Albigeois, assiégé dans un château appelé Muret, et situé non loin de Toulouse, par Raimond, comte de Toulouse, qui favorisait les hérétiques, et le roi d’Aragon, qui était venu à son secours, ainsi que par le comte de Foix, livra contre eux un admirable combat, car n’ayant que deux cent soixante chevaliers, cinq cents hommes d’armes, cavaliers, et pèlerins, et sept cents hommes de pied, sans armes, après avoir entendu la messe du Saint-Esprit et invoqué sa protection, il sortit du château et livra bataille aux ennemis ; et, soutenus par la puissance divine, les siens tuèrent dix-sept mille ennemis et le roi d’Aragon lui-même. Il ne périt ce jour-là que huit hommes de l’armée de Simon. Ledit Simon, quoique très-vaillant dans les