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CHRONIQUE

d’une grande joie le peuple français. La flotte de Philippe, roi de France, équipée pour passer en Angleterre, étant prête, le roi se rendit avec une grande armée à Boulogne-sur-Mer. Ayant attendu pendant quelques jours en cette ville ses vaisseaux et ses hommes qui arrivaient de tous côtés, il passa jusque Gravelines, ville située sur les frontières de la Flandre, où toute la flotte le suivit. Ferrand, comte de Flandre, qu’on y attendait, n’y vint pas, comme il avait été convenu, et ne satisfit en rien, quoiqu’à sa demande ce jour lui eut été fixé pour faire satisfaction. C’est pourquoi le roi, abandonnant le projet de passer en Angleterre, attaqua le territoire de Flandre, prit Cassel et Ypres, et tout le pays jusqu’à Bruges. Ayant traité cette ville selon son bon plaisir, il partit pour Gand, laissant un petit nombre de chevaliers et d’hommes d’armes pour la garde des vaisseaux qui l’avaient suivi par mer jusqu’à un port nommé Dam, et situé non loin de Bruges. Le roi avait le dessein, après la prise de Gand, de passer en Angleterre ; mais comme il était occupé au siège de Gand, Renaud, comte de Boulogne, qui, à cause de ses méfaits, fuyant la présence du roi des Français, demeurait alors avec le roi d’Angleterre, et quelques autres envoyés secrètement par mer de la part du roi d’Angleterre, s’emparèrent d’une grande partie des vaisseaux du roi de France, et assiégèrent promptement le port et la ville de Dam. Le roi l’ayant appris, abandonna le siège de Gand, retourna vers Dam, en fit lever le siège, et força les assiégeans de fuir. Un grand nombre des siens cependant furent tués, submergés ou pris, et il perdit une très-grande partie