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DE GUILLAUME DE NANGIS

d’autre, comme l’empereur ne voulait en aucune manière rendre ce dont il s’était emparé, et faisait même dépouiller par des gens à lui, qu’il avait placés dans des châteaux, ceux qui se rendaient à Rome, le Pape convoqua un concile de ses cardinaux, dans lequel il lança contre lui une sentence d’excommunication ; ensuite, comme Othon ne voulait pas revenir sur ses fautes, et continuait encore davantage à s’emparer des biens de l’Église et à interdire le passage à ceux qui se rendaient à Rome, le pape délia ses sujets du serment de fidélité envers lui, défendant, sous peine d’anathême, que personne l’appelât empereur, ou le regardât comme tel ; c’est pourquoi Othon fut abandonné par le landgrave duc de Thuringe, l’archevêque de Mayence, l’archevêque de Trèves, le duc d’Autriche, le roi de Bohême, et beaucoup d’autres, tant ecclésiastiques que séculiers.

Dans ce temps florissait, dans le territoire de Beauvais, Hélinand, moine de Froidmont, auteur d’une chronique exacte, prenant depuis le commencement du monde, et allant jusqu’à son temps ; d’un livre sur le gouvernement des princes et d’un autre intitulé Lamentations d’un moine déchu.


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L’empereur Othon ayant été, comme on l’a dit plus haut, réprouvé par l’autorité apostolique et privé de la dignité impériale, les barons d’Allemagne, par le conseil de Philippe, roi de France, élurent roi des Romains Frédéric, roi de Sicile, fils de feu l’empereur Henri et de Constance, sœur de feu Guillaume, roi de Sicile, et demandèrent au Pape de confirmer cette élection. Frédéric, appelé de Sicile, vint à Rome, et fut reçu avec honneur par les habitans de cette