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DE GUILLAUME DE NANGIS

de peuple, ayant pris la croix contre les hérétiques Albigeois, se rassemblèrent au mois de juin a Lyon ; et de là, s’avançant vers la Provence, enflammés de colère contre ces hommes pestiférés et transfuges de leur foi, ils se préparèrent à combattre les Albigeois, auxquels se joignit le comte de Toulouse, qui, après avoir fait satisfaction de ses péchés, avait reçu l’absolution du pape par les mains d’un de ses légats. Ils assiégèrent d’abord et prirent d’assaut la ville de Béziers, et n’épargnèrent ni le sexe, ni l’âge, mais massacrèrent également tous les habitans, depuis le plus petit jusqu’au plus grande en sorte qu’il périt dix-sept mille hommes par le fer et par le feu. De là, gagnant Carcassonne, où s’étaient rassemblés un grand nombre de gens du pays environnant, ils l’assiégèrent aussitôt. Mais Roger de Béziers, renfermé dans Carcassonne, homme perfide, dont la perversité avait favorisé cette contagieuse erreur, voyant la force et l’audace des catholiques, et l’impuissance dans laquelle étaient les siens de faire résistance, fit avec les nôtres un traité, par lequel il serait permis aux siens de se retirer où ils voudraient sans emporter leurs biens. Les habitans ayant quitté la ville, Roger seul fut retenu sous une étroite garde. Les nôtres prirent possession de la ville, et mirent à la tête de tout le pays Simon de Montfort vaillant chevalier. On laissa sous son commandement tout ce qu’on trouva dans la ville et une partie de l’armée. Après ces exploits, les autres s’en retournèrent chez eux. Les Albigeois, voyant le départ des princes, causèrent aux nôtres beaucoup de dommages, car ils couraient secrètement vers les châteaux et les forteresses, prenant