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DE GUILLAUME DE NANGIS

doge de Denise et des autres princes, et avec le consentement du clergé et du peuple, créèrent empereur Baudouin, comte de Flandre.

Pierre, roi d’Aragon, offrit son royaume à l’Église romaine, dont il se reconnut tributaire. Le comte de Tripoli et le roi d’Arménie se disputèrent long-temps à main armée la principauté d’Antioche.


[1205]

Les Français et les Vénitiens qui avaient pris Constantinople, tandis que tout leur avait jusque là heureusement réussi, reçurent, vers la fête de Pâques, un important échec. Le roi des Blacques et des Bulgares, les ayant attaqués, de concert avec les Comans, les Grecs et les Turcs, les vainquit ; par la permission du Seigneur, les principaux d’entre eux périrent dans le combat. Par un commun conseil, leur armée fut divisée en trois parties. Les uns se tenaient à la garde de Constantinople ; les autres, avec Henri, frère de l’empereur Baudouin, se répandant partout, se rendaient maîtres des villes et châteaux non encore soumis, et veillaient à empêcher ceux qui l’étaient de se révolter. L’empereur Baudouin, avec les grands, assiégea la ville d’Andrinople, éloignée de l’espace de cinq journées de Constantinople. Comme ils étaient donc arrêtés à ce siège, harcelés un jour par les ennemis, Louis, comte de Blois, et d’autres nobles, les attaquèrent témérairement et les poursuivirent trop loin. Lors ils furent entourés par un grand nombre d’ennemis, qui sortirent des embuscades dressées de tous côtés, et il se fit un misérable carnage des Français. L’empereur fut pris, et un grand nombre de nobles furent tués. Ainsi privée de ses chefs, l’armée leva le siège, et vint à Constanti-