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CHAPITRE IX.

de guerre et de justice, dans ce soupir douloureux d’un peuple las d’être foulé, comme le bruit avant-coureur des doléances terribles des États de 1789.

La guerre civile et religieuse avait éclaté, et ses fureurs ensanglantaient Paris et les environs. Pour contenir les calvinistes rebelles et conserver la capitale sous l’obéissance du roi, tout notre pays, transformé en place de guerre, en arsenal, en grenier de réserve, fut regardé comme une sorte de boulevard contre les ennemis. En novembre 1562, cependant, les reîtres de d’Andelot, cavaliers mercenaires à la solde des calvinistes, devenus maîtres, par un coup de main, de la ville d’Étampes et de la nôtre, séjournèrent six semaines dans nos parages et commirent toutes sortes d’excès et de profanations ; mais le duc de Guise, après la mémorable bataille de Dreux, revenant avec une armée victorieuse, dispersa devant lui cette horde étrangère.

Quelques mois après (1563), l’infatigable champion des catholiques périssait de la main d’un assassin, et sa veuve, Anne d’Este, duchesse de Guise, héritait de ses droits sur Dourdan. A la faveur de la paix d’Amboise, la noble usufruitière put jouir tranquillement de son domaine pendant cinq années. Dès le 3 mai 1563, elle obtint du roi des lettres patentes[1] qui renouvelaient en sa faveur l’autorisation, octroyée jadis à son époux, de nommer aux offices de la châtellenie de Dourdan, et le nom de Dame de Dourdan lui est donné dans tous les titres de cette époque.

Avec l’année 1567, les hostilités recommençaient. Dourdan, place importante, paraît avoir été, dès les premiers mois, l’objet de l’attention et des préoccupations du roi. Il existe aux archives[2] une curieuse lettre de Charles IX, du 17 juin, par laquelle il notifie au parlement son désir de retirer la terre et seigneurie de Dourdan et ses appartenances, engagées, dit-il, au duc de Guise pour 22,000 livres, avec les impositions et aides de tous le siége de Dourdan, Rochefort et Authon, vendus pour 27,300 livres. Il avoue qu’il n’a pas, pour ce retrait, l’argent nécessaire dans ses finances et ordonne qu’une vente de bois soit faite dans sa forêt de Dourdan, jusqu’à concurrence de 50,000 livres. Mais ses adversaires le cernaient de trop près ; le prince de Condé et l’amiral de Châtillon marchaient sur Paris. Avant de racheter la ville, on songea à la défendre. Un brave général et un des seigneurs de nos voisins, Claude de la Mothe Bonnelle, chargé par le roi du commandement du pays et spécialement de la forteresse d’Etampes, ne manqua pas de donner des ordres pour la fortification et l’approvisionnement du château et de la place de Dourdan.

A Dourdan, comme à Étampes, ses efforts devaient être inutiles et un

  1. Archives de l’Empire X1a, 8625, fo 39.
  2. Archives de l’Empire X1a, 1621, fo 387.