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CHAPITRE VIII.

maladrerie Saint-Laurent de Dourdan, les manants et habitants de Sonchamp et de Sainville ; défaut fut donné contre eux.

La discussion commença. Plusieurs protestations se produisirent. Avant toutes, celle du procureur du roi, qui s’éleva fort justement contre les titres de fiefs prétendus par certains seigneurs, « à cause que plusieurs d’eux avoient grandement dilaté leurs fiefs sur la forest de Dourdan, de laquelle ils estoient voisins, au grand dommage du roy ; tendoient à s’en estranger, s’advouant d’autres seigneurs loingtains pour oster la cognoissance de telles usurpations ; et que de ce qu’ils en tenoient n’avoient baillé adveu ne dénombrement qui fust suffisamment receu et vérifié. » — Triste mais inévitable résultat des fortunes si variables de notre pauvre ville pendant les siècles qui venaient de s’écouler.

Les procureurs du cardinal de Chastillon, à cause de son abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, tentèrent de soustraire Sonchamp, Authon et Sainville à la juridiction et aux coutumes de Dourdan, en invoquant celles d’Orléans, Montfort et Étampes. Mais le procureur du roi leur prouva que c’étaient des usurpations et des abus, et il ajouta, ce qui était très-vrai, que « depuis plus de soixante ans Dourdan avoit été aux mains des usufruictiers, auxquels le roy l’avoit baillé, et qui n’avoient eu le soing de faire garder les droicts du roy. »

Autrement graves et inquiétantes furent les prétentions du substitut du procureur d’Étampes, Girard Garnier. Invoquant la réunion de la châtellenie de Dourdan au duché d’Étampes, il dit avec dédain que « ceulx de Dourdan se seraient ingerez de vouloir faire rédiger quelques prétendues coustumes, et à ce faire appeler les habitans d’Authon, le Plessis-Saint-Benoist, Congerville et Sainville, de la jurisdiction du dict bailliage d’Estampes, et déjà appelez comme subjects à ses coustumes. » Il protesta de nullité pour tout ce qui se ferait, et se vanta « de faire cy-après contraindre les habitans de Dourdan à se régler selon les coustumes d’Estampes. »

Repoussant vigoureusement l’attaque et traitant le plaidoyer de Garnier « d’impertinent et sans raison, » le procureur du roi représenta l’antique et actuelle possession de Dourdan par la couronne, rappela ses protestations au sujet des villages cités lors des récents débats pour la rédaction des coutumes d’Étampes, où personne n’avait jamais eu l’idée d’appeler Dourdan, et bien loin, ajouta-t-il, que Dourdan eût rien à démêler avec Étampes, c’est Étampes qui autrefois ressortissait à Dourdan pour les cas royaux. D’ailleurs, les coutumes de Dourdan avaient toujours été fort différentes de celles d’Étampes, coutumes toutes bretonnes introduites jadis à Étampes par les ducs de Bretagne. Quant aux villages en cause, réunis à la châtellenie de Dourdan par lettres patentes du 2 août 1532, c’est à Dourdan qu’ils payaient les droits seigneuriaux, c’est au bailliage de Dourdan qu’ils appartenaient.

Calme et impartiale, la commission royale n’en continua pas moins